Qui veut la peau de Roger Rabbit ?

Daffy DuckAu cours des années 40, à une époque où un film américain était toujours précédé par un dessin animé, il y avait, dans la banlieue de Los Angeles, près de Glendale et Pasadena, une petite ville nommée Toon Town. C’est là que vivaient Donald et Daffy Duck, Mickey et Minnie Mouse, Tom et Jerry, Dumbo et Betty Boop. Toon Town, hélas, n’existe plus. Mais c’était, si l’on en croit Robert Zemeckis et Steven Spielberg, la ville-dortoir où les personnages de cartoons (appelés les Toons) venaient se reposer, après une dure journée de travail aux studios de Burbank ou de Culver City, en compagnie d’êtres humains. C’est à bon Town qu’habite Roger Rabbit, un lapin aux oreilles géantes et aux yeux exorbités. Roger, un bon, est la covedette (avec Baby Herman, un quinquagénaire égrillard qui a passé sa carrière dans un berceau) d’une série de dessins animés. A l’écran, Roger Rabbit échappe aux pires périls, de la suffocation à l’électrocution en passant par la raclée et la noyade.

Dans la vie, il est marié à une actrice animée comme lui, Jessica. Jessica est une vamp aux seins énormes et à la cuisse légère. « Je ne suis pas méchante, dit-elle, je suis simplement dessinée comme ça ». « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? » est une merveille de film qui mélange personnages animés et humains, les faisant coexister et dialoguer avec une interaction parfaitement crédible, et une virtuosité technique sans précédent. Certes, le mélange de personnages animés et d’acteurs n’est pas une nouveauté. « Mary Pop-pins » et « Song of the South » avaient utilisé le procédé et Jerry la souris avait dansé avec Gene Kelly dans « Escale à Hollywood ». Mais ce n’étaient là que de courtes séquences, des morceaux de bravoure faits pour étonner et amuser. Dans « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? », le mélange est à la -base même du film. C’est son essence et c’est ce qui fait son originalité. « Situé en 1947, le film raconte l’histoire d’Eddie Valiant (Bob Hoskins), un détective privé devenu alcoolique à la suite de la mort de son frère assassiné par un Toon. Lorsque Roger Rab-bit, accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, lui demande. de l’aider à se disculper, Valiant refuse. Mais il est entraîné malgré lui dans le monde des bons après avoir visité le Ink and Paint club, une boîte de nuit réservée aux êtres humains, mais où le personnel est composé uniquement de bons, des serveurs (pingouins en smoking) aux musiciens (Daffy et Donald Duck, pour la première fois ensemble, dans un duo de piano qui confine à l’hystérie). C’est d’ailleurs au lnk and Paint club que la femme de Roger, Jessica, chanteuse ensorcelante, se produit. Très vite, Valiant comprend que Roger est innocent et qu’un humain, le sinistre juge Doom (Christopher Lloyd), est le coupable. Doom hait les Toons, qu’il considère inférieurs. Doom est en fait un raciste qui veut exterminer ces personnages qui n’ont que gag en tête. Pour ce faire, il a mis au point l’arme idéale : une mixture composée de benzine et d’essence de térébenthine. En 1982, la firme Walt Disney achète les droits d’adaptation au cinéma d’un roman policier de Gary K. Wolf, « Who censored Roger Rabbit ? », » où un détective privé a affaire à des personnages de « comic strip » dans le Los Angeles d’aujourd’hui.

Roger Rabbit

Un scénario est commandé à deux débutants, Jeffrey Price et Peter Seaman, et envoyé au réalisateur Robert Zemeckis qui, à l’époque, n’a mis en scène que « Used cars ». Mais Disney, alors en plein désarroi financier, se désintéresse complètement du projet. Quatre ans plus tard, Zemeckis tourne « Retour vers le futur » pour le producteur Steven Spielberg. Les deux hommes parlent de « Roger Rabbit ». Entre-temps, Disney a été restructuré et cherche à développer son secteur cinéma. Lorsque Spielberg se déclare intéressé, la machine se remet en marche. Robert Zemeckis demande à Price et Seaman d’écrire un nouveau scénario transposant le film dans les années 40 et intégrant acteurs et personnages dessinés. Toon Town est inventé. Mais, avant de se lancer à l’eau, Zemeckis rencontre Roger Williams, un animateur qui eut son heure de gloire avec la Panthère rose et consacre son talent au film publicitaire en Grande-Bretagne.

Sanglante perfection

Jerry Blake se rase devant une glace. Il a l’air raisonnablement heureux. Il se change, sort de la salle de bains, range un jouet abandonné dans le couloir et descend, une valise à la main, l’escalier qui donne dans ‘le hall de sa maison. Le spectacle dans les pièces alentour est absolument horrifiant : toute la famille gît, sur le sol, dans une mare de sang. .Et ce n’est que le générique. Une autre ville, une autre maison, une autre famille. Nous retrouvons notre bon vieux Jerry, en compagnie d’une nouvelle femme, soucieux d’avoir une famille parfaite. Seul problème : sa belle-fille, une adolescente de seize ans, ne le considère pas comme son vrai père. Lorsqu’il tombe sur un avis de recherche, paru dans le journal local, précisant : « Recherchons un fou dangereux qui a assassiné sa famille », il se sent mal. Il descend dans la cave, est pris d’une crise de rage folle… qui laisse pantelante sa belle-fille, qui a assisté incognito à la scène. A partir de là, le suspense est tendu comme un ressort. Le loup est dans la bergerie. Quand le massacre va-t-il commencer ?

Vous me direz qu’il faut être pervers pour jouer sur ces sentiments-là. Et vous aurez raison. Donald Westlake, l’auteur du scénario, est un écrivain éminemment « pervers », qui ne respecte rien. On lui doit l’histoire des « Quatre malfrats » (RCV) avec Robert Redford, celle du « Point de non-retour » (MGM) de John Boorman.et quelques joyeux romans qui mettent en scène des moines novices lâchés dans un monde sensuel et corrompu (« Drôles de frères »), des dessinateurs de cartes postales comiques assassins (« Un jumeau singulier », massacré à l’écran par Yves Robert), des tueurs à gages justiciers (la série des Parker), des voleurs sympathiques, des écrivains pornographiques, j’en passe, et des meilleures. Mieux : pour concocter l’histoire originale de ce « Stepfather », Westlake s’est acoquiné avec un complice de son acabit, Brian Garfield, le créateur de l’abominable « Justicier dans la ville » (GCR). Westlake et Garfield ont une chose en commun, l’humour, noir de préférence. Ici, il est très corsé et risque de vous procurer une nuit blanche. Mais il fonctionne à plein, car nos deux compères ont mieux que du savoir-faire. Ajoutez à ces deux affreux un réalisateur, Joseph Ruben, intéressé par les rêves qui tournent mal (c’est lui qui a signé « Dream-scape » (Cannon) et vous aurez un cauchemar américain d’une parfaite logique et dynamitant, avec une force tranquille, les bases mêmes de la société. Car, en fait, que veut ce beau-père troublé ? Tout simplement créer la famille parfaite selon les codes édictés par la bonne littérature et la morale : un couple uni et des enfants aimants. Et quand l’enfant n’aime pas, le beau-père disjoncte, élimine la famille et repart à zéro. « Le film montre, explique Joseph Ruben, pince-sans-rire, ce qui arrive quand la réalité ne coïncide pas avec ce que nous enseigne notre culture. Cela nous rend amers. »

The stepfatherAmer, c’est peu dire. « The stepfather » reprend le bon vieux thème de la quête d’un idéal, en le pervertissant à la base. D’un air de rien, le film est joyeusement révolutionnaire. Il doit beaucoup à son acteur, Terry O’Quinn, sorte de monsieur tout le monde jovial et « propre », défiguré par de redoutables accès de colère qui le rendent digne d’un personnage de Tex Avery. Donald Westlake, qui vient d’adapter un roman de Jim Thompson (« Les arnaqueurs ») pour Stephen Frears et Martin Scorsese, était à Paris il y a quelques mois. Lorsque je lui ai parlé du film, il a eu un large sourire et a déclaré : « C’était très amusant à faire ». Comme quoi il faut se méfier des humoristes. « The stepfather » a plutôt choqué le public du Festival de Cognac, mais a réjoui nos confrères qui lui ont attribué, à une large majorité, le Prix de la critique. Cela voudrait-il dire que les critiques ont de l’humour ? Ou qu’ils n’ont pas de morale ? A vous de répondre.

Certaines voitures sont plus célèbres que leur conducteur

Certaines voitures deviennent encore plus célèbres que leur conducteur. C’était le cas de la Porter 1928, achetée pour 200 dollars et qui s’avère la réincarnation de la défunte maman de Jerry Van Dyke, héros de la série « Une mère pas comme les autres ». C’est aujourd’hui le cas de la Ford Fire, au volant de laquelle les Duke s’offrent de bondissantes courses-poursuites, dans le feuilleton « Shérif, fais-moi peur ». C’est surtout le cas de la Pontiac Trans-Am noire de « K 2000 ». David Has-selhoff met le splendide véhicule sur scène, lorsqu’il reprend ses activités premières de chanteur de country troisième catégorie. Les spectateurs, n’ayant d’yeux que pour la rutilante carrosserie, oublient la médiocrité de la voix… Si, d’un épisode à l’autre, vous ne reconnaissez pas la voiture de Lee Majors, « L’homme qui tombe à pic », c’est normal. D’abord, contrairement à certains de ses confrères héros de feuilletons TV, Colt Seavers n’a pas trouvé de sponsor pour assurer le merchandising de son véhicule. Ensuite, plus de 150 voitures 4×4 ont été cassées pour les scènes d’action dudit feuilleton. Lee Majors est d’ailleurs champion de monoplace, vainqueur de la Ontario 500 Celebrity Race, et aussi amateur de courses off-road et de buggy.

Ontario 500 Celebrity Race

Quand elles en ont eu marre de préparer le breakfast tous les matins, de tricoter devant leurs trente chaînes de télévision et de s’empiffrer de sodas à la chantilly, de cheeseburgers ou de chili con carne, les grosses Américaines, qui n’avaient pas honte de sortir dans la rue en bigoudis, ont décidé de passer aux choses sérieuses. Elles avaient tout de suite compris que la libération du sexe passe d’abord par la libération du corps. La nouvelle génération ne voulait plus être obèse et édentée comme maman. Adieu ice-creams et sirop d’érable. Tout a commencé avec la gym. Une gym revue et corrigée à (« échelle de Dallas, de New York et de Houston. La gym-tonic devenait un business- lucratif, un hobby et un spectacle. Dans des centaines de clubs, des dizaines de milliers de jeunes créatures suaient sang et eau pour perdre gramme après gramme. Et quand la maigreur vint, on ne voulut pas de chairs flasques et informes. Un génial entrepreneur lança la mode du culturisme féminin. Du coup, les biceps les plus gonflés avoisinaient des seins remis à neuf. Des fesses de bronze surplombaient des cuisses d’airain. Devenues statues, des milliers de Mrs Smith se bardaient de muscles à en faire pâlir de jalousie les Rocky et Rambo de l’Indiana, de l’Iowa et de l’Illinois. La grâce féminine était alors réinventée. La beauté devenait agressive, et le charme était façonné par des heures de cheval d’arçon. Du coup, la femme américaine s’émancipait. Et si, dans les lieux publics, le Bikini était toujours mal toléré, les nouvelles sirènes jouaient à des jeux inédits. Femmes boxeurs au punch essentiellement sexuel, elles se produisaient sur des rings pour des corps à corps plus qu’évocateurs. Les spectacles de boxe féminine attiraient une foule de voyeurs qui pouvait ainsi contempler, en toute légalité, les ébats très équivoques de beautés à demi nues qui se tapaient dessus avec conviction. Le succès de ces exhibitions d’apparence innocente fut tel, que l’on inventa très vite des raffinements : la boxe devint combat, la lutte se poursuivit dans la boue. Les corps sublimes grouillaient et s’entremêlaient dans la gadoue, à la grande. joie ‘des machos qui n’en avaient jamais fait autant. On voyait aussi des combats de lutte alimentaires, sur un lit de spaghettis avec sauce bolognaise à volonté. C’était le temps des excès. Les exhibitionnistes perdaient leur féminité, et les jeux qui avaient été gracieux se mettaient à ressembler aux jeux du cirque. Il fallait repartir à zéro.

Redonner à ces tops models amateurs un semblant de dignité. Quelques gros malins décidaient alors d’organiser des défilés de lingerie. Cette fois les corps parfaits retrouvaient leur vocation ancestrale charmer, troubler, plaire, faire rêver… Mais la majorité des Américains était privée de ces spectacles très spéciaux. La vidéo allait alors leur rendre un bien grand service. Les cassettes de musculation, de boxe, de combat, de lutte, de bagarre dans la boue apparaissaient dans les vidéoclubs. Tout cela au moment où l’Oncle Sam redécouvrait un certain sens de la pudeur. Un peu blasés par les excès pornographiques dans lesquels ils ne voulaient plus s’identifier, les Américains avaient le coup de cœur pour ces jolies filles sportives, inaccessibles autrement que dans l’exercice de leur hobby. Formule romantique de l’exhibition d’amateurs, la « vidéo active » est donc en train de prendre une place non négligeable dans les mœurs aux USA : D’autant que les plus belles filles du pays sont impitoyablement sélectionnées pour alimenter cette nouvelle génération de fantasmes.

Choisies aux quatre coins du continent nord-américain, ces créatures de rêve sont aujourd’hui ce que les pin up étaient aux marines de la dernière guerre. Ce qui devait arriver arrive enfin : « Active girls vidéo » débarque en France (en octobre chez Scherzo) avec son cortège de Miss muscles, Miss boxe, Miss lutte et Miss dentelles. Un bataillon affriolant de violentes, d’agressives, de bagarreuses, mais aussi de divines nanas que tout homme normalement constitué aurait bien envie d’inviter pour boire un dernier verre. Utopie ou paradoxe, au moment où les productions X envahissent le monde, des filles qui ne montrent jamais ce qu’elles cachent sous leur culotte sont en passe de supplanter les hardeuses les plus cochonnes. Il faut dire que, dans l’ambiance du direct qui rappelle les plus grands matchs de boxe, ces demoiselles ont plus d’un tour dans leurs muscles. Quant à celles qui présentent, avec une candeur dont personne ne sera dupe, les plus exquises lingeries, elles ont l’attrait de la nouveauté et de l’amateurisme.

Car la plupart de ces créatures de rêve ne sont pas des professionnelles, mais des secrétaires, des employées de bureau, des vendeuses de supermarché ou de simples et honorables mères de famille qui deviennent, l’espace d’un soir ou d’une saison, les stars de leur quartier, de leur ville ou même de leur Etat. Il n’y avait que les Américains pour transformer une idée aussi banale en véritable spectacle, un spectacle qui fera fureur cet hiver. Pour quelques dizaines de francs, vous passerez une soirée très agitée avec des filles superbes, qui n’ont pas froid aux yeux, qui savent se battre comme des mecs et qui montrent leurs dessous avec une gentille sensualité pas du tout dérangeante. « Sexy folies » sur vidéo, sans risque de maladies contagieuses, avec d’honorables citoyennes inabordables dans la rue : c’est une nouvelle étape de l’évolution des mœurs. Une idée qui nous changera agréablement des « Intervilles » interminables et qui nous fera passer… de sacrées soirées.

Modèles de séries TV

Qui dit détectives, flics, agents secrets purs et durs, tout en charme et sourire, se servant de leurs muscles plus que de leur tête dit… superbes voitures !

Aston Martin

Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que, plus la voiture est voyante, moins les facultés intellectuelles du privé ou du flic sont mises à l’épreuve. Le cogiteur de cette bande de héros de feuilleton TV, Columbo (alias Peter Falk) se contente d’une vieille 403 Peugeot grise et sale alors que les deux flics à Miami, Sonny Crockett (Don Johnson) et Ricardo Tubbs (Philip Michael Thomas), roulent en Ferrari Daytona cabriolet (en fait c’est une réplica très bien imitée sur base de Corvette) et côtoient chaque jour Rolls et Countach de la pègre. La Virilité à quatre roues de Magnum (Tom Selleck) est rouge et c’est une Ferrari 308 GTS. Cette voiture de 60.000 dollars ne lui appartient pas. Elle est la propriété de Robin Masters, l’hôte dont Magnum parasite la demeure. Dans « Amicalement vôtre », la voiture de Lord Brett Sinclair (alias Roger Moore) et celle de Danny Wilde (alias Tony Curtis) témoignent de leur origine et de leur culture différentes. Alors que Breit aurait tendance à préférer la Rolls. Danny fonce au volant d’une Dino Ferrari immatriculée MA 307 933. Lorsqu’il devient Simon Templar, autrement dit le Saint, le même Roger Moore affiche une écurie de trois voitures dont une Aston Martin, sans doute pour se préparer au personnage de James Bond qu’il tournera ensuite ! John Drake (Patrick Mc Goohan), autre très british agent secret de « Destination danger », conduit une Austin et est fidèle, lui aussi, aux marques de voitures fabriquées au pays de sa très gracieuse majesté. Tout comme Gene Barry, « L’homme à la Rolls », Américain pure souche qui a établi ses quartiers généraux dans ce véhicule, beau fleuron de la perfide Albion. Quant à Starsky, il est fier de sa Ford Torino qu’il ne ménage pas pour coincer les gangsters de LA.

Tucker, de Coppola : un film-culte

Coppola Francis Coppola avait huit ans lorsqu’il vit pour la première fois, comme beaucoup d’autres, une voiture futuriste à l’aérodynamisme provocateur, une voiture dont le phare central la faisait ressembler à un cyclope des temps modernes. Aujourd’hui, il en possède deux qui valent environ cent mille dollars pièce. Il est vrai que la Tucker 48 est une automobile rare 51 modèles seulement furent construits et, aujourd’hui, 47 sont toujours en existence et en état de fonctionnement. Preston Tucker, le constructeur de cet engin visionnaire, est aujourd’hui le sujet d’un film que Francis Coppola et George Lucas voulaient tourner depuis plus de dix ans. Un film qui raconte les espoirs, succès et déboires de cet homme qui fit trembler l’industrie automobile américaine et qui, ce faisant s’attira beaucoup d’ennuis : accusé par le gouvernement de fraude fiscale et postale, il fut acculé à la faillite. Acquitté à la suite d’un long procès, Preston Tucker ne put jamais remonter la pente et mourut prématurément d’un cancer, en 1956. Le commentaire de George Lucas concernant « Tucker » « Le film montre les difficultés rencontrées par l’individu qui essaye de faire accepter ses idées nouvelles par le système » montre bien pourquoi Francis Coppola fut, de bonne heure, passionné par le destin de ce constructeur aux idées originales il y a en effet un certain parallélisme entre Tucker et le metteur en scène. Tous deux ont eu à affronter l’establishment (Tucker celui de Detroit, Coppola celui d’Hollywood), tous deux ont dû financer eux-mêmes leurs rêves (Tucker sa voiture, Coppola « Apocalypse now »). Cette fois, Coppola n’a pas manqué son coup. « Tucker » est un film remarquable aussi bien par la précision de la reproduction des années d’après guerre que par la linéarité de son récit. Et Jeff Bridges, dans le rôle principal, donne une interprétation chaleureuse dont les points forts sont ses scènes avec Martin Landau qui, incarnant le partenaire de Tucker, homme au passé trouble, recevra sans doute un nomination pour l’Oscar. Aujourd’hui, Francis Coppola, grâce à ii Tucker », a exorcisé les démons qui l’assaillaient depuis une dizaine d’an-nées.fte film a été bien accueilli par la critique et le public aux [ours-Unis. La sortie du film en France, en janvier, devrait confirmer ce succès). Comme Preston Tucker, et à travers lui, il a transformé un rêve en réalité.

Coppola

Blanc faisaient notamment partie de la fête. Mais c’est incontestablement Renault qui, depuis quelques années, rime le plus fréquemment avec 7e art. La Régie ne se contente pas de prêter des modèles pour les besoins de tournages, elle associe son nom à de nombreuses manifestations cinématographiques. Pour la cinquième année consécutive. Renault a été notamment désigné transporteur officiel du Festival de Cannes. A cette occasion, le public eut la primeur de la Renault 25 nouvelle mouture, véhicule utilisé par les stars lors de leurs déplacements cannois. Précédemment occupé par Jaguar puis Mercedes, ce rôle de premier plan dans la plus prestigieuse manifestation cinématographique, n’est pas le seul qu’assure le constructeur dans ce milieu. D’autres festivals — notamment ceux du Film noir et du Film américain, respectivement organisés à Grenoble et Deauville — et diverses opérations liées au cinéma bénéficient également de son parrainage. Cités-cinés, fabuleuse exposition dédiée aux films tournés en décor urbain, était ainsi organisée par Renault. Le constructeur vient de franchir encore une nouvelle étape en soutenant la réalisation d’un long métrage, intitulé « Et moi ! Et moi ! ».

L’alliage des trucages

kleinLes caméras tournent parfois au rythme des usines de montage automobile. Comme dans « Monsieur Klein » de Joseph Losey, « Blue collar » de l’Américain Paul Schrader ou « Lévy et Goliath» de Gérard Oury, dont certaines scènes furent respectivement tournées dans les ateliers Citroën du quai de Javel, Ford à Detroit ou Renault-Sandouville. « J’aime la vie, je vais au cinéma » disait la pub. Et le cinéma aime l’automobile, omniprésente dans la vie. La majorité des plans en extérieur nécessite l’automobile. Pour créer un mouvement ou planter le décor, elle est aussi indispensable que la pellicule dans le chargeur de la caméra. Les réalisateurs, lorsqu’ils ont besoin d’une telle figuration mécanique, empruntent souvent des voitures directement aux constructeurs et importateurs.

Depuis des dizaines d’années, un accord tacite lie les deux parties : les prêts sont souvent consentis en échange d’apparitions à l’écran. A moins que le metteur en scène ou le producteur ne soient des habitués, les synopsis sont épluchés par un représentant de la marque en accord. Certains scénarios, en effet, ne donnent pas toujours le beau rôle aux voitures. Notamment lorsqu’elles se disloquent au moindre choc, gag classique des comédies. Pour ces utilisations peu valorisantes, les producteurs préfèrent généralement acheter le véhicule. La plupart du temps les réalisateurs renvoient correctement l’ascenseur et mentionnent, au détour d’un dialogue ou par le biais d’un cadrage, le nom du généreux constructeur. Dans la plupart des longs métrages, la seule mise en valeur de la voiture, à l’occasion d’un plan, signifie la reconnaissance du réalisateur. D’autres films se font plus insistants dans le remerciement.

Dernier exemple en date, « Le moustachu » de Dominique Chaussois, interprété par Jean Rochefort, a comblé d’aise Volvo-France. La suédoise prêtée pour le tournage apparaît dans les trois quarts des scènes, alors que le nom de la marque remplace régulièrement le mot « voiture » dans le texte des acteurs ! Quelques constructeurs organisent également des opérations promotionnelles qui associent un produit à des personnalités publiques, notamment des vedettes de cinéma. Simca, puis Seat fournissaient des voitures au Star Racing team, réunion de sommités du showbiz qui s’affrontaient sur différents circuits. Les acteurs Claude Brasseur, Christian Mar-quand et Guy Marchand, ainsi que les réalisateurs Gérard Pirès et Just Jaeckin firent, l’espace de quelques courses, partie de cet aréopage. L’an dernier, pour la promotion de son AX, Citroën a remis une petite révolutionnaire à plus de vingt acteurs nationaux au cours d’une réunion organisée sur le circuit de Montlhéry.