Certaines voitures deviennent encore plus célèbres que leur conducteur. C’était le cas de la Porter 1928, achetée pour 200 dollars et qui s’avère la réincarnation de la défunte maman de Jerry Van Dyke, héros de la série « Une mère pas comme les autres ». C’est aujourd’hui le cas de la Ford Fire, au volant de laquelle les Duke s’offrent de bondissantes courses-poursuites, dans le feuilleton « Shérif, fais-moi peur ». C’est surtout le cas de la Pontiac Trans-Am noire de « K 2000 ». David Has-selhoff met le splendide véhicule sur scène, lorsqu’il reprend ses activités premières de chanteur de country troisième catégorie. Les spectateurs, n’ayant d’yeux que pour la rutilante carrosserie, oublient la médiocrité de la voix… Si, d’un épisode à l’autre, vous ne reconnaissez pas la voiture de Lee Majors, « L’homme qui tombe à pic », c’est normal. D’abord, contrairement à certains de ses confrères héros de feuilletons TV, Colt Seavers n’a pas trouvé de sponsor pour assurer le merchandising de son véhicule. Ensuite, plus de 150 voitures 4×4 ont été cassées pour les scènes d’action dudit feuilleton. Lee Majors est d’ailleurs champion de monoplace, vainqueur de la Ontario 500 Celebrity Race, et aussi amateur de courses off-road et de buggy.
Quand elles en ont eu marre de préparer le breakfast tous les matins, de tricoter devant leurs trente chaînes de télévision et de s’empiffrer de sodas à la chantilly, de cheeseburgers ou de chili con carne, les grosses Américaines, qui n’avaient pas honte de sortir dans la rue en bigoudis, ont décidé de passer aux choses sérieuses. Elles avaient tout de suite compris que la libération du sexe passe d’abord par la libération du corps. La nouvelle génération ne voulait plus être obèse et édentée comme maman. Adieu ice-creams et sirop d’érable. Tout a commencé avec la gym. Une gym revue et corrigée à (« échelle de Dallas, de New York et de Houston. La gym-tonic devenait un business- lucratif, un hobby et un spectacle. Dans des centaines de clubs, des dizaines de milliers de jeunes créatures suaient sang et eau pour perdre gramme après gramme. Et quand la maigreur vint, on ne voulut pas de chairs flasques et informes. Un génial entrepreneur lança la mode du culturisme féminin. Du coup, les biceps les plus gonflés avoisinaient des seins remis à neuf. Des fesses de bronze surplombaient des cuisses d’airain. Devenues statues, des milliers de Mrs Smith se bardaient de muscles à en faire pâlir de jalousie les Rocky et Rambo de l’Indiana, de l’Iowa et de l’Illinois. La grâce féminine était alors réinventée. La beauté devenait agressive, et le charme était façonné par des heures de cheval d’arçon. Du coup, la femme américaine s’émancipait. Et si, dans les lieux publics, le Bikini était toujours mal toléré, les nouvelles sirènes jouaient à des jeux inédits. Femmes boxeurs au punch essentiellement sexuel, elles se produisaient sur des rings pour des corps à corps plus qu’évocateurs. Les spectacles de boxe féminine attiraient une foule de voyeurs qui pouvait ainsi contempler, en toute légalité, les ébats très équivoques de beautés à demi nues qui se tapaient dessus avec conviction. Le succès de ces exhibitions d’apparence innocente fut tel, que l’on inventa très vite des raffinements : la boxe devint combat, la lutte se poursuivit dans la boue. Les corps sublimes grouillaient et s’entremêlaient dans la gadoue, à la grande. joie ‘des machos qui n’en avaient jamais fait autant. On voyait aussi des combats de lutte alimentaires, sur un lit de spaghettis avec sauce bolognaise à volonté. C’était le temps des excès. Les exhibitionnistes perdaient leur féminité, et les jeux qui avaient été gracieux se mettaient à ressembler aux jeux du cirque. Il fallait repartir à zéro.
Redonner à ces tops models amateurs un semblant de dignité. Quelques gros malins décidaient alors d’organiser des défilés de lingerie. Cette fois les corps parfaits retrouvaient leur vocation ancestrale charmer, troubler, plaire, faire rêver… Mais la majorité des Américains était privée de ces spectacles très spéciaux. La vidéo allait alors leur rendre un bien grand service. Les cassettes de musculation, de boxe, de combat, de lutte, de bagarre dans la boue apparaissaient dans les vidéoclubs. Tout cela au moment où l’Oncle Sam redécouvrait un certain sens de la pudeur. Un peu blasés par les excès pornographiques dans lesquels ils ne voulaient plus s’identifier, les Américains avaient le coup de cœur pour ces jolies filles sportives, inaccessibles autrement que dans l’exercice de leur hobby. Formule romantique de l’exhibition d’amateurs, la « vidéo active » est donc en train de prendre une place non négligeable dans les mœurs aux USA : D’autant que les plus belles filles du pays sont impitoyablement sélectionnées pour alimenter cette nouvelle génération de fantasmes.
Choisies aux quatre coins du continent nord-américain, ces créatures de rêve sont aujourd’hui ce que les pin up étaient aux marines de la dernière guerre. Ce qui devait arriver arrive enfin : « Active girls vidéo » débarque en France (en octobre chez Scherzo) avec son cortège de Miss muscles, Miss boxe, Miss lutte et Miss dentelles. Un bataillon affriolant de violentes, d’agressives, de bagarreuses, mais aussi de divines nanas que tout homme normalement constitué aurait bien envie d’inviter pour boire un dernier verre. Utopie ou paradoxe, au moment où les productions X envahissent le monde, des filles qui ne montrent jamais ce qu’elles cachent sous leur culotte sont en passe de supplanter les hardeuses les plus cochonnes. Il faut dire que, dans l’ambiance du direct qui rappelle les plus grands matchs de boxe, ces demoiselles ont plus d’un tour dans leurs muscles. Quant à celles qui présentent, avec une candeur dont personne ne sera dupe, les plus exquises lingeries, elles ont l’attrait de la nouveauté et de l’amateurisme.
Car la plupart de ces créatures de rêve ne sont pas des professionnelles, mais des secrétaires, des employées de bureau, des vendeuses de supermarché ou de simples et honorables mères de famille qui deviennent, l’espace d’un soir ou d’une saison, les stars de leur quartier, de leur ville ou même de leur Etat. Il n’y avait que les Américains pour transformer une idée aussi banale en véritable spectacle, un spectacle qui fera fureur cet hiver. Pour quelques dizaines de francs, vous passerez une soirée très agitée avec des filles superbes, qui n’ont pas froid aux yeux, qui savent se battre comme des mecs et qui montrent leurs dessous avec une gentille sensualité pas du tout dérangeante. « Sexy folies » sur vidéo, sans risque de maladies contagieuses, avec d’honorables citoyennes inabordables dans la rue : c’est une nouvelle étape de l’évolution des mœurs. Une idée qui nous changera agréablement des « Intervilles » interminables et qui nous fera passer… de sacrées soirées.